mardi 14 avril 2009

Maïssa Bey : Pierre Sang Papier ou cendre - Éditions de l'Aube - 2008


Un enfant traverse les siècles dans une Algérie bouleversée
ou
" Liberté, j'écris ton nom " !

« Algérie 1830 - 1962 : pendant 132 ans, madame Lafrance s’est installée sur “ses” terres pour y dispenser ses lumières et y répandre la civilisation, au nom du droit et du devoir des “races supérieures”. Face à elle, l’enfant, sentinelle de la mémoire, va traverser le siècle, témoin à la fois innocent et lucide des exactions, des spoliations et des entreprises délibérées de déculturation, jusqu’à la comédie de la fraternisation. »

Maïssa Bey

Roman ou leçon d'Histoire poétique ? Peut-être une grande fresque de l'Histoire de l'Algérie ? sans doute tout ça à la fois.

Dans ce livre, une fois de plus, Maïssa Bey laisse sa plume exprimer sa sensibilité, ses convictions. Très astucieusement, elle met en scène "l'Enfant" qui traverse les époques et assiste aux agissements de Madame Lafrance.

Le lecteur suit ainsi la chronologie de l'Histoire algérienne. Ceux qui ne sont pas au fait de la question algérienne peuvent suivre un véritable cours d'histoire avec la poésie en plus. Maïssa Bey n'oublie rien et elle jalonne son récit des principaux évènements qui ont marqué cette Algérie conquise, colonisée, dévastée par le napalm, massacrée. Depuis l'invasion, la résistance des troupes d'Abdel Kader, les insurrections multiples, les enfumages, en passant par les massacres de Sétif et de Guelma, la mascarade de la fraternisation du forum d'Alger, sans oublier le massacre des messalistes à Melouza et le départ massif des Français d'Algérie en 1962.

Tout au long des pages de cette grande fresque, le lecteur assiste à l'indignation, à la colère de l'auteure qui ne mâche pas ses mots contre les maux des colonisateurs, contre le pendant de madame Lafrance, monsieur Laloi qui légitime tous les abus, toutes les inégalités. Saine colère qui devrait faire réfléchir les partisans de la "colonisation positive".


Maïssa Bey n'oublie pas l'Histoire. Elle sait que celle-ci est indispensable à la construction du futur. Le dernier chapitre est consacré à cette nécessité et c'est avec force qu'elle retrace l'épopée algérienne au travers du regard de cet enfant. Signe de nécessité et d'espoir, de lucidité aussi.

Il faut lire ce bel ouvrage !

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